CRÉATION DE TEXTE
© Todd Hido
Écriture et mise en scène Maxime Contrepois
Avec Iannis Haillet
et la voix de Ruth Rosenthal
Adrien a une quarantaine d’années. Il est français. Il vit en France. Dans une grande ville. Avant, dans sa vie d’avant, il était infirmier. Dans dix jours, il partira pour un territoire en guerre. Pourtant la guerre ça n’est pas son métier. Il part pour faire du tourisme. Nouvelles Frontières, c’est l’histoire d’Adrien. C’est l’histoire de sa vie, de sa vie de famille, de comment se sont tissés et détissés les liens avec sa femme, de l’arrivée de leurs filles dans leur vie. Mais c’est aussi la préparation minutieuse d’un poulet, le récit d’une partie de chasse qui tourne mal, d’Adrien qui joue à fantasmer la guerre depuis sa cuisine.
Tragédie du personnage et comique des situations s’entrelacent. Le fantastique et le réalisme se confondent progressivement. Sous la banalité du quotidien, se dessine l’étonnante histoire d’une exploration radicale, d’un pas de côté dans l’espoir de se sentir à nouveau vivant, d’une bifurcation qui est une disparition autant qu’une réconciliation et qui aboutira à une mue.
Adrien, homme au foyer, nous embarque dans sa vie. Et on voit comment cette vie qu’il s’est construite pourrait être absolument joyeuse mais comment ses doutes la remplissent de contradictions et la font vaciller.
C’est l’histoire d’une personne banale qui se monte la tête, qui perd son lien au présent parce qu’elle est saisie du sentiment d’être reléguée en arrière-plan de sa propre vie. Nouvelles Frontières parle de vies ordinaires, de vies qu’on a choisies autant qu’elles se sont faites sans nous, de liens qui se distendent, de communications devenues impossibles, du besoin de reprendre le contrôle pour ne pas disparaître.
Comment se sentir à nouveau vivant ?
Où trouver du sens quand notre vie nous semble se déplier malgré nous ?
Alors que l’on cherche si souvent à nous convaincre que la réalité est évidente, irréfutable, imparable, l’envie fondatrice est de défaire une image consensuelle du monde en lui conférant une densité et une opacité des plus suggestives. C’est peut-être là que peut résider aujourd’hui la charge politique d’une écriture, dans un langage théâtral éminemment ouvert où l’on ne voit pas la réalité mais de la réalité, où l’on voit des choses, des situations, des hommes. Des hommes qui se débattent comme ils peuvent pour continuer à vivre.