Discussion et lectures
Cette année, le café-librairie Michèle Firk s’est particulièrement intéressé à la fascisation en cours, organisant plusieurs rencontres publiques avec des groupes antifascistes ou des personnes travaillant sur l’histoire ou l’actualité du fascisme.
Michèle Firk voulait aussi ouvrir ce cycle à la fiction, et nous avons choisi de partir de la littérature latino-américaine en convoquant deux auteures : la bien vivante autrice argentine Mariana Enriquez – dont le roman Notre part de nuit a été le best seller de l’année chez Michèle – ainsi que l’auteur exilé chilien décédé, Roberto Bolaño.
Horreur politique et violence économique, grandes familles de propriétaires terriens adeptes de l’Ordre, poètes nazis, et escadrons de la mort, tortures clandestines, morts violentes et disparitions massives, leurs œuvres sont en effet littéralement hantées par les fantomes des dictatures militaires sud-américaines des années 1970 et 1980, qu’il s’agisse du Chili de Pinochet ou de l’Argentine des juntes militaires. Alors que le fascisme mondial ne cesse de nier son héritage et veut faire croire que ses idées politiques morbides n’ont jamais été « essayées », les histoires fantastiques et poétiques de ces auteures nous montrent les traces indélébiles de décennies de fascisme bien réel sous la forme de la dictature militaire.